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Écrans

«La Petite Bande». la comédie buissonnière de l’été

Pierre Salvadori revient avec une comédie écolo rythmée, drôle et profitant d’un jeune casting excellent

Le club des cinq du XXIe siècle.

19 juillet 2022 à 15:52

La Petite Bande » Ce n’est pas tous les jours que l’on sourit dès le générique d’ouverture! C’est pourtant bien dès les premières secondes que l’on se laisse emporter par cette Petite Bande de garnements. Cat, Fouad, Sami et Antoine ont douze ans. Aimé – qui porte mal son nom, surtout dans la cour de l’école – en a dix. Par fierté et par provocation, ils décident un jour de mettre le feu à l’usine qui pollue leur rivière, quelque part en Corse. Ils s’embrigadent dans une aventure trop grande pour eux, se voyant contraints de kidnapper le directeur de l’usine… Des péripéties qui leur apprendront à se battre ensemble et à se dévoiler.

Le réalisateur Pierre Salvadori revient quatre ans après En liberté, comédie policière passablement déjantée et réussie. Avec La Petite Bande, le cinéaste signe une comédie familiale rythmée, pleine de suspense, de cascades, et où l’humour impertinent est roi. Cette rébellion préadolescente s’attaque avec irrévérence à la thématique de l’urgence écologique tout en se payant le luxe d’être bien plus profonde qu’il n’y paraît.

 

La vie, ça s’apprend

Comme souvent chez l’auteur d’Apprenti, Dans la cour ou Hors de prix, les personnages dissimulent une fêlure. Ils ne sont jamais des héros courageux et invincibles mais des maladroits, des faibles, des pleutres… Mais surtout ce sont des personnages qui sont capables de transcender leur nature si le jeu en vaut la chandelle. Ici, le film nous fait croire d’abord à un idéal écologique, mais bien vite on se rend compte que ces gosses sont mus par d’autres désirs plus urgents encore: se faire accepter par les autres, trouver une place à soi dans la société, enfin oser parler à cette fille…

Le conte écolo vire donc au récit d’apprentissage. Et comme toujours chez Salvadori, la vie s’apprend dans la douleur, les cris et les larmes. Jamais niais, son long-métrage capte la verve inébranlable de l’enfance sans tomber dans le piège de l’idéalisation béate. On applaudit.

Un casting au poil

Servi par une très jolie photographie chaude et naturelle, une musique originale émouvante de Pierre Gambini et le décor somptueux des montagnes corses qu’on ne se lasse jamais de contempler, La Petite Bande a tout pour elle. A mesure que le scénario s’emballe et prend la forme d’une fuite en avant, les péripéties rocambolesques se succèdent à un rythme d’enfer. Le montage, lui aussi très efficace, imprime au film un élan définitivement imparable.

Quant au casting, il est également épatant, donnant à ce club des cinq du XXIe siècle une coloration résolument contemporaine tout en minimisant les effets de mode. Mention très spéciale au jeune Paul Belhoste – interprétant Aimé, le souffre-douleur de l’école –, qui a de toute évidence compris que dans la comédie, le rire n’est jamais très éloigné des larmes.

Rafraîchissant

Même s’il est parfois abracadabrantesque, voire tiré par les cheveux – au sens propre comme au figuré –, le film ne vire jamais complètement à la farce. On sent chez son auteur un respect pour l’univers de l’enfance et une empathie généreuse. On voit toutefois arriver les séquences émotion, passage obligé dans ce type de comédies, d’assez loin, sans qu’elles soient pour autant complètement téléphonées.

La fin est quant à elle finement négociée, laissant au spectateur le soin de se faire sa propre idée. Pas de moralisation barbante chez Pierre Salvadori. Pas le genre de la maison. Comédie buissonnière estivale idéale pour un après-midi en famille au cinéma, La Petite Bande a tout du film populaire réussi, dans le sens le plus noble du terme. Rafraîchissant comme une baignade dans un torrent corse.

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