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Écrans

«Bullet Train», un huis-clos ferroviaire qui déraille

Un ancien cascadeur fait d’un train le théâtre d’un carnage

Brad Pitt filant à grande vitesse vers le gros n’importe quoi.

2 août 2022 à 16:09

Bullet Train » Le Shinkansen, le train renommé pour être le plus rapide du monde, quitte Tokyo chargé de truands d’envergure internationale et reliés directement ou non par une mystérieuse mallette protégée par deux impitoyables tueurs à gage. Le jeu de cache-cache, d’entourloupes et de massacre peut alors débuter, au grand dam de Ladybug («la coccinelle» en anglais, interprété par Brad Pitt), embarqué à bord du convoi et chargé d’effectuer, en toute naïveté, une paisible mission de routine… Le décor est installé, le ton est donné, les enjeux sont assez simples et pourtant le film s’éternise en palabres et en digressions inutiles.

Avec sa présentation en grande pompe et en ouverture du festival de Locarno ce soir ainsi que son embargo sur la critique, Bullet Train, unique sortie romande de la semaine, est clairement le succès préprogrammé et fabriqué de cet été 2022. Son réalisateur a pendant longtemps travaillé comme cascadeur, coordinateur de cascades ou réalisateur de seconde équipe sur quelques œuvres spectaculaires telles que Fight Club ou The Bourne Ultimatum.

 

Nivellement par le bas?

En 2014, il partage, avec Chad Stahelski, la réalisation du premier John Wick, film néo-noir très agité au scénario minimaliste, misant autant sur ses scènes bien efficaces de castagnes et de fusillades que sur la nostalgie du public pour le cinéma à l’ancienne… sans effets numériques et basé essentiellement sur la capacité des acteurs à faire plus ou moins semblant de se battre et de prendre des coups. Puis vinrent le presque correct Atomic Blonde, l’abominable Deadpool 2 et le ridicule Hobbs and Shaw. Bullet Train est-il l’aboutissement de ce nivellement par le bas?

Assurément! Car malgré son seul point positif, le film n’est qu’une grosse coquille vide. Oui, il est indiscutable que David Leitch a un talent certain et un savoir-faire indéniable pour les mises en scène de bastons. Les acteurs sont entraînés, leurs mouvements chorégraphiés, la caméra est à sa bonne place et le cinéaste a au moins compris une chose essentielle qui n’est malheureusement pas l’apanage de la majorité des productions de ce type: il ne suffit pas d’agiter sa caméra dans tous les sens et de filmer des plans à la va-vite puis de les assembler n’importe comment pour réussir une bonne scène d’action. Mais ces quelques cascades correctement exécutées ne font pas de Bullet Train un long-métrage valable pour autant. La faute principalement a un scénario qui frise l’indigence.

Le charisme des acteurs fait parfois oublier les lourdeurs du scénario

En adaptant une courte nouvelle de Kôtarô Isaka, l’auteur Zak Olkewicz (qui n’a pas fait mieux que Fear Street 1978 pour Netflix) n’a semble-t-il pas grand-chose d’intéressant à dire. Le film est excessivement bavard et toutes les scènes de dialogues censées être drôles ou décalées sont hors de propos et ne font que briser un rythme déjà bien fragile. Leur étirement jusqu’à l’absurde ne fait qu’accentuer le calvaire du spectateur ainsi qu’étendre un long-métrage de 127 minutes déjà trop long d’au moins deux heures…

Le charisme des acteurs (Brad Pitt, Joey King et Aaron Taylor-Johnson en tête…) fait parfois oublier les lourdeurs du scénario mais le charme et l’éloquence de ceux-ci ne réussissent jamais à faire taire la vacuité des dialogues ni l’invraisemblance de la plupart des situations. Pas très beau non plus, même si le but semble de coller à l’esthétique très pop de la culture japonaise, Bullet Train n’est, visuellement, qu’un bonbon très sucré, trop coloré et presque agressif pour les yeux.

Finalement, c’est assez simple, il s’agit encore d’une de ces œuvres dont la bande-annonce de trois minutes avait déjà révélé tous les maigres atouts, alors que malheureusement, le produit fini dure des plombes et n’a rien à y ajouter!

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