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Culture

Palexpo. Des soupçons d’escroquerie à artgenève

Une plainte pénale a été déposée contre l’ancien directeur d’artgenève, soupçonné de gestion déloyale, faux dans les titres et peut-être de vol. La 12e édition de la foire débute ce mercredi.

Créée en 2012, la foire artgenève vernit sa 12e édition mercredi (ici l’édition 2022, avec une sculpture de Lilian Bourgeat). © Keystone

24 janvier 2024 à 02:05

L’été dernier, on apprenait qu’artgenève avait perdu son directeur. Le Courrier en connaît désormais la raison: le timonier de la foire organisée chaque début d’année par Palexpo a été licencié et se trouve aujourd’hui sous le coup d’une plainte pénale. «Une instruction a été ouverte et suit son cours, explique Claude Membrez, directeur général de Palexpo. L’intéressé est soupçonné des infractions d’escroquerie, de gestion déloyale, de faux dans les titres et peut-être de vol.»

Les premières suspicions remontent à 2022, après la biennale Sculpture Garden, exposition en plein air se tenant depuis 2018 aux parcs des Eaux-Vives et de La Grange. Evénement lancé par artgenève, il est organisé par la Fondation pour les arts visuels, en collaboration avec le Mamco et la ville de Genève. «En établissant les comptes, nous avons constaté des irrégularités», explique Claude Membrez, par ailleurs président du conseil de la Fondation pour les arts visuels. La plainte pénale a été déposée par cette entité, précise-t-il.

Œuvres séquestrées

Concrètement, que reproche-t-on à l’ancien directeur? «Nous avons constaté qu’il procédait à l’acquisition d’œuvres, pour près d’un million de francs, avec les fonds de la Fondation pour les arts visuels, vraisemblablement en les soustrayant et en les conservant à son profit ou au profit de tiers, tout en masquant ses agissements, notamment en falsifiant des factures remises à la comptabilité.» Des perquisitions ont été effectuées cet automne et des œuvres ont été localisées puis mises sous séquestre – police et Ministère public sont sur le coup.

Le préjudice total ne peut encore être chiffré

Le préjudice total ne peut être chiffré à ce stade car de nouvelles irrégularités apparaissent encore. «Je suis consterné d’avoir côtoyé cet homme pendant de si nombreuses années, d’avoir fait tant de belles choses avec lui et de découvrir tout ça, c’est vraiment blessant.» L’instruction suivant son cours, la présomption d’innocence prévaut, rappelle Claude Membrez. Il précise que la collaboratrice de l’ancien directeur a elle aussi été licenciée l’été dernier. «A ce stade, elle a uniquement été entendue par la police.»

Si l’intéressé n’a pas répondu à nos sollicitations d’interview, son avocat, Daniel Kinzer, nous a fait parvenir la prise de position suivante: «Pendant douze ans, mon client s’est impliqué sans compter pour faire croître artgenève. Il a géré les choses à sa manière, pour partie, c’est vrai, en marge du cadre posé par son employeur et il s’en est excusé. Toutefois, Palexpo et la Fondation des arts visuels n’ont subi aucun préjudice financier et mon client ne s’est pas enrichi. Les œuvres litigieuses sont toutes en mains de la Fondation des arts visuels. Palexpo a refusé de rencontrer mon client pour qu’il clarifie la situation, préférant déposer une plainte pénale. La procédure est en cours. Mon client collabore pleinement et il est confiant. Je regrette que Palexpo ait fait le choix de diffuser publiquement ses allégations contre celui qui lui a fait bénéficier d’un développement spectaculaire d’artgenève.» Le Courrier

Une nouvelle édition, malgré tout

La foire artgenève a remplacé Art by Genève, qui se tenait durant le Salon du livre et a elle-même pris la place d’Europ’Art. L’ancien directeur a dirigé l’événement dès la première édition en 2012, parvenant rapidement à inscrire le salon sur la carte des foires européennes qui comptent. A tel point qu’elle a accouché en 2016 d’une sœur monégasque, artmonte-carlo, qui se tient en début d’été.

C’est désormais Charlotte Diwan qui dirige artgenève, auparavant chargée de la communication et des relations publiques. La 12e édition de la manifestation débute ce mercredi pour se tenir jusqu’à ce dimanche 28 janvier, accueillant 80 galeries – une dizaine de moins que l’an dernier – provenant de treize pays et incluant jeunes pousses, enseignes confirmées et poids lourds globalisés. En plus des nombreuses institutions et structures invitées – maisons d’édition, espaces off, musées, collections publiques, etc. –, l’édition 2024 comportera un nouveau secteur «artgenève/sur-mesure», dédié aux œuvres singulières et aux installations de grand format.

Pascal Vonlanthen en est

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