Portrait. David Bard, l’architecte-photographe qui aimait les sites industriels

Il nous montre, sur l’écran de son ordinateur portable, l’une de ses photos. Belle. Géométrique. Parfaitement composée. Avec ce qui ressemble à des casiers à l’intérieur desquels s’épanouissent des volutes rosées. Les casiers sont en réalité les bassins d’une station d’épuration spécialisée dans le traitement de déchets chimiques. Et les volutes, des eaux usées.

«Si je vous l’avais dit tout de suite, auriez-vous eu envie de regarder? Pourtant, tout peut avoir un intérêt! Même une station d’épuration, même une zone industrielle.» Il est ainsi, David Bard. Calme, posé, structuré. Et endurant aussi. Il avoue pouvoir passer plusieurs dizaines d’heures à retravailler une seule de ses photographies qu’il prend avec son drone.

Des vues bucoliques de sa Glâne natale? Très peu pour lui. Sur son Google Maps, il nous dévoile une épatante forêt de repères dépassant très largement les frontières de la Suisse. D’un côté, des marques signalant des constructions qu’il estime devoir voir (et photographier). Ce qui paraît logique: David Bard est architecte, à la tête du bureau Bard Yersin à Romont avec son associé, Thibault Yersin. De l’autre, des sites industriels à ne manquer sous aucun prétexte. Le périmètre de l’ancienne raffinerie Tamoil à Collombey-Muraz (VS) en fait partie. Avec son drone, l’artiste l’a photographiée à plusieurs reprises.

Ses vertigineuses images – on ne parvient pas à y distinguer leur sens, leur profondeur, leur échelle, ni même parfois ce qu’elles représentent – sont à découvrir dès aujourd’hui à la Galerie du Crochetan, à Monthey, dans l’exposition commune Raffinerie, la fin d’une ère. Aux côtés de David Bard, Bernard Dubuis, Lea Lund & Erik K et Jean-Marc Yersin présentent chacun sa vision du site valaisan.